Désindustrialisation, Europe et transition climatique

Le constat du déclin français et de la désindustrialisation est assez largement partagé, même si l’économie française ne s’est pas effondrée. Deux mutations ont marqué les quatre dernières décennies, la montée en puissance de la finance et des énarques et la construction d’une Europe ultralibérale. L’euro a aggravé les problèmes de surévaluation auxquels était confrontée l’économie française au profit des pays du bloc allemand. Le déclin de la culture industrielle a été renforcé. La croissance est devenue plus financiarisée. Les allégements de charges au profit des entreprises ont creusé le déficit public. La crise financière de 2008, puis la crise du covid ont ébranlé l’architecture bancale de l’UE sans remédier au péché originel. Les règles ont été suspendues et des inflexions importantes opérées dans l’urgence. Pour l’avenir une réforme à la marge de l’UE est le scénario le plus probable afin de conforter le modèle néo-libéral favorable aux pays du bloc allemand. La France se retrouvera en position contrainte de pays intermédiaire entre le Nord et le Sud de l’Europe sans outil pour enrayer le déclin industriel. La transition climatique constitue un défi supplémentaire en créant un choc négatif et un besoin de financement de grande ampleur. Des trajectoires alternatives sont en théorie envisageables en France et dans l’UE. En pratique, au niveau français, en dépit d’un relatif consensus sur certaines mesures, les divergences et les problèmes non résolus demeurent importants. Au niveau européen les contradictions de la zone euro ne semblent pouvoir être dépassées que sous une forme d’éclatement. Le choc de la guerre en Ukraine pourrait toutefois être à l’origine d’importantes ruptures.