De la stabilité des prix à la stabilisation du climat ? l’économie politique du verdissement des banques centrales

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Auteur(s) :
Jérôme Deyris

Thèse soutenue le 10 juillet 2023

Cette thèse de doctorat porte sur un phénomène récent à la diffusion rapide, mais qui cache néanmoins une grande variété : l’intégration par les banquiers centraux des questions liées au changement climatique et à l’environnement. Pour ce faire, son auteur s’appuie sur différentes approches afin de comprendre ce qui pousse (certaines) banques centrales à s’intéresser à cette question, pourquoi elles le font et comment. Ce travail est composé de quatre chapitres principaux : le premier à dominante théorique, les deux suivants empiriques, et le quatrième plus normatif. Tous les chapitres ont été conçus comme des travaux de recherche autonomes, et trois d’entre eux sont basés sur un travail collectif avec des co-auteurs. La thèse, entièrement rédigée en anglais est disponible en accès libre, et il existe également un résumé long en français, tandis que cette contribution dans AOC résumé quelques unes des idées avancées dans le manuscrit. 

Dans le premier chapitre, nous examinons comment le cadre institutionnel dans lequel s’inscrivent les banques centrales détermine la manière dont elles intègrent les questions liées au climat, mais aussi comment leurs réponses à ce défi pourraient contribuer à modifier ce cadre. Ainsi, si les banques centrales occidentales indépendantes bénéficient à première vue d’une latitude limitée pour intégrer ces préoccupations, l’inaction des autorités politiques et les dynamiques climatiques de plus en plus disruptives pourraient bien les pousser à adopter de nouveaux rôles… qui pourraient finalement devenir une nouvelle normalité. Ce chapitre est le résultat d’un travail conjoint avec Emanuele Campiglio et Moritz Baer, publié dans la revue Ecological Economics (2021)

Dans le deuxième chapitre, nous examinons le cas de la Banque Centrale Européenne (BCE) et son intégration étonnamment rapide du changement climatique. Grâce à la combinaison d’entretiens semi-structurés et d’une étude qualitative des documents de la BCE, des discours et des réponses des députés européens concernant le changement climatique, je retrace la manière dont cette question a progressé dans l’agenda de l’institution. Si le changement climatique a réussi à devenir une préoccupation majeure, la manière dont il doit être abordé reste divisée, caractérisée par des points de vue antagonistes concernant le rôle que les banques centrales devraient jouer dans la transition vers une économie à faible émission de carbone. Ce chapitre a reçu le prix 2022 Herbert Simon pour le meilleur article d’un jeune économiste à la conférence de l’EAEPE, et a ensuite été publié dans New Political Economy (2023).

Dans le troisième chapitre, nous nous détachons du cas européen afin d’étudier l’essor de la question climatique chez les banquiers centraux tout autour du monde. À l’aide d’une base de données originale de plus de 31 000 discours récupérés par le biais d’un ratissage systématique du web et d’un travail d’archivage occasionnel, nous (i) documentons la montée en puissance différenciée du thème du climat dans les discours des banques centrales, (ii) explorons les différentes manières dont ce thème est abordé, et (iii) tentons de comprendre les déterminants de ce traitement par un travail économétrique exploratoire. Ce travail a été réalisé en collaboration avec Emanuele Campiglio et Davide Romelli et doit être publié sous forme de document de travail avant la fin de 2023. 

Dans le quatrième chapitre, nous discutons de la pertinence du haut niveau d’indépendance qui caractérise la plupart des banques centrales modernes. Après avoir rappelé le caractère contingent de cet arrangement institutionnel et son inadéquation croissante avec les pratiques contemporaines des banques centrales, nous explorons les différentes pistes de réforme évoquées dans la littérature pour tenter d’atténuer l’écart croissant entre le cadre juridique et les pratiques effectives. Ce chapitre est basé sur un travail réalisé avec Laurence Scialom et Gaëtan Le Quang pour lequel seule une version de travail préliminaire existe en ligne. 

Consulter la thèse sur le site theses.fr ou en accès libre (mise à disposition par l’auteur) ici